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1999, Articles, Raiati

Dimanche de Thomas / le 18/4/1999 / N*16

Le soir du jour de la Résurrection, le Seigneur est apparu à ses disciples. Thomas n’était pas avec eux. A son retour à la chambre haute, ils lui dirent: « Nous avons vu le Seigneur ». Cela c’est la plus grande joie. Mais Thomas dit: « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous la marque des clous, et si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous et si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous et ma main dans son côté, je ne croirai pas ».

Thomas voulait comprendre. Il semblait dire aux autres disciples: qui vous a dit que la vision que vous avez vue aujourd’hui est le Maître qui a été crucifié? Pour cela j’insiste pour voir la marque des clous sur le corps du Seigneur.

Huit jours après la première vision Jésus entra chez eux « les portes étant closes », il se tint au milieu et dit: « Paix à vous ». Puis il dit à Thomas: « Porte ton doigt ici et voici mes mains, avance ta main et mets-la dans mon côté ».

Thomas est le plus grand témoin parcequ’il a prouvé quelque chose d’unique: que celui qui est apparu aux disciples est celui-là même qui a été crucifié. Le doute a été utile pour que nous croyions nous. Nous sommes devant une résurrection réélle, devant une continuité du corps crucifié au corps réssuscité.

Si nous passons de cette scène à un examen personnel, nous trouvons que la vie est mélange de joie et de tristesse, de santé et de maladie et ce au niveau de chaque individu. au niveau de la vie de l’Eglise dans chaque paroisse, dans chaque diocèse et dans le monde. Partout il y a lumière et ténèbres, travail dur et consolations. Nous voyons des personnes croître en Christ et leur coeur se renouvelle. D’autres nous choquent et nous déçoivent. Nous dépassons la déception par l’espérance, l’insulte par le pardon, l’ennui par la persévérance.

La foi exige que chacun dépasse son obstination, son repli sur lui-même, d’être cramponné à ses idées. Rien ne tue comme le durcissement des opinions qui nous fait refuser l’autre. Rien n’est essentiel pour nous comme de croire que nous sommes de passage ici-bas et que personne n’est irremplaçable ni dans sa vie ni dans sa mort; la terre continuera de tourner autour du soleil, les plantes continueront à pousser, les animaux à vivre et les êtres humains à s’élever.

Rien n’est essentiel comme d’accepter les autres avec leurs blessures, leurs défauts, leur beauté et leur chute. Rien n’est aussi important que d’admettre aux autres leur droit à la différence. Rien n’est aussi important que l’amour. L’amour est la résurrection continue. Seul l’amour rend possible la communion à la Parole du Seigneur, à son corps et à son sang, et la communion au frère dans son mystère.

Aimer c’est étendre le Christ en soi et aux autres. Et si Jésus entre en eux -les portes d’eux-mêmes étant closes- il brisera les portes et habitera en eux par l’Esprit Saint.

                                                                                                                                                                                                                                                               L’effort que le Seigneur nous demande de fournir au temps de la Résurrection c’est qu’il n’y ait plus de foyers de haine, de tension ou de rancune qui causent la ruine d’un diocèse. Notre diocèse n’est pas entièrement ressuscité avec le Christ. Il y a des fractures dans certaines paroisses, là où nous ne nous acceptons pas les uns les autres. La fracture peut être réduite si certains sont relevés par l’amour. Quand viendra notre consolation par la réconciliation générale, l’un des attributs du Christ étant la paix?

traduit de l’arabe.أحد توما

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1999, Articles, Raiati

Saint Jean Climaque / le 21/3/1999 / N*12

Les trois premiers dimanches du Carême insistaient sur la doctrine (dimanche de l’Orthodoxie, dimanche de saint Grégoire Palamas et dimanche de la Croix). L’étape suivante insiste sur l’ascèse. Nous faisons d’abord mémoire de saint Jean appelé Climaque parce qu’il a écrit un livre sur l’ascèse intitulé « l’Echelle Sainte » (Climax en grec veut dire échelle). Il est né après la moitié du 6ème siècle et il a vécu au Sinaï en tant que moine puis en tant qu’higoumène du monastère.

Il a comparé le chemin vers Dieu à une échelle montante composée de marches que le fidèle gravit l’une après l’autre pour arriver au Christ. Les icônes nombreuses qui représentent cette échelle montrent que certains ont gravi quelques marches, d’autres tombent après être presque arrivés au sommet. Tout lecteur de ce livre sent que l’auteur parle de vertus qu’il a pratiquées lui-même. Il fait sans doute partie de ceux qui sont arrivés. Nous poursuivons le combat, dit-il « jour après jour, feu après feu, piété après piété et zèle après zèle ». Qui dit ces paroles ne peut que les avoir vécues.

Saint Jean a prié quarante ans sans discontinuer, dévoré par l’amour divin, essayant de cerner, dit-il, « ce qui est incorporel dans le corps ». Il savait – et c’est dans son livre – que celui qui a brisé le sceau de sa pureté, qui s’est éloigné de ses consolations divines, qui a enfreint sa promesse à Dieu, et qui est triste à cause de cela, celui-là est capable de se mortifier par l’ascèse s’il lui reste une étincelle d’amour et de crainte de Dieu.

L’Eglise sait, en posant ce modèle ascétique devant nos yeux, que les moines sont peu nombreux, voire rares. Nous pouvons, nous faire comme saint Jean Climaque, chacun chez lui et dans son travail. La beauté spirituelle n’est pas liée à un rang ou à un ordre. Nous croyons que le laïc, dans sa vie familiale, dans son travail et toute sa vie dans le monde, est capable de toute sanctification. L’être humain, homme ou femme, quel que soit sa culture, est capable d’accomplir les combats spirituels qui visent à acquérir la pureté dans toutes ses expressions, la chasteté, la douceur et l’humilité. Il lutte au repos et dans la fatigue, pendant la guerre ou pendant la paix, dans la pauvreté ou dans la richesse parce que le Christ est Un. Il inspire l’un et l’autre, prend soin de tous et donne à chacun de nous la grâce selon son besoin parce qu’il veut que tous soient sauvés et que tous viennent à la connaissance de la vérité. Pour cela nul n’est excusable.

Personne ne peut prendre sa richesse comme prétexte à l’orgueil et à la dureté du cœur. Nul ne peut, à cause de sa notoriété, s’élever et mépriser les frères. Pour cela saint Jean Climaque insiste pour que nous battions un vice après l’autre et que nous acquérions une vertu après l’autre; tout cela dans la joie. Nous brûlons d’un feu après l’autre après l’autre, d’un enthousiasme après un enthousiasme. La joie est peut-être le signe idéal que Dieu habite dans nos cœurs. Celui qui a perdu l’enthousiasme pour le Christ et pour son Evangile, celui qui tiédit quand il rencontre un pauvre, le feu est éteint en lui et il n’est plus que cendres froides.

Pour cela l’évangile d’aujourd’hui nous dit: « Si tu peux croire, tout est possible à celui qui croit » (Marc 9: 23). Croire c’est faire de ton cœur le lieu du Seigneur qu’il ne partage avec personne. Et pour que nous croyions pas que c’est facile, le Seigneur a dit: « Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière » (Marc 9: 29). Le mouvement de Dieu vers nous est la foi qui nous vient de Lui. Notre mouvement vers Dieu est la prière qui garde la foi en nous; et devant nos yeux s’ouvre le chemin vers le Crucifié que nous embrasserons avec plus de ferveur à la fin du Carême.

traduit de l’arabe.القديس يوحنا السلمي

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L’esprit du jeûne / le 21/2/1999 / N*8

Demain, avec l’aide de Dieu, nous commençons la saison bénie que vous connaissez tous: le temps de l’ascèse au monde, le temps de l’abstinence, le temps de l’exercice au bien. Et pour ne pas transformer le jeûne en une simple affaire d’alimentation, nous lisons aujourd’hui un texte de saint Mathieu où l’on parle de pardon et d’un trésor qu’il faut chercher. Ce texte nous parle aussi de la joie de ceux qui jeûnent.

« Si vous remettez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous remettra aussi. Et si vous ne remettez pas aux hommes votre Père non plus ne vous remettra pas ». Le jeûne est donc le temps de rencontre, le temps de vivre la fraternité. Tu pardonneras à tout pécheur si tu es capable de le voir dans son repentir comme aimé par Dieu. Même ceux que tu croyais parfaits, s’ils tombent dans l’erreur, tu devras dépasser leurs fautes car Dieu les accepte eux. Le plus important est de pardonner à ceux qui te font du mal, qui préméditent de te faire du mal, de t’humilier, de t’abaisser. Tu pardonneras à tous à commencer par les membres de ta famille si elle est le lieu de ta négligence. Si un homme néglige sa femme ou si elle le néglige, s’il est dur avec elle ou vice-versa, si un enfant n’écoute pas ses parents, tout cela ne peut être guéri que par le pardon et continuer à vivre dans le don inconditionnel. Tu aimes réellement les membres de ta famille pour qu’ils s’épanouissent, pour qu’ils puissent supporter la vie dure. Tu es responsable de porter les tiens vers Dieu, et ce dans les plus petits détails du quotidien.

Et si tu leur pardonnes, ils connaîtront Dieu plus qu’avant. Le secret de l’amour est qu’il n’attend rien en retour. L’amour porte toujours des fruits qui apparaîtront plus tard aujourd’hui peut-être ou demain …

Le second thème de cet évangile est : »Quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage pour que ton jeûne soit connu, non des hommes, mais de ton Père qui est là dans le secret ». Les pharisiens hypocrites n’étaient pas ainsi. Le chrétien ne montre pas ses vertus. Les vertus brillent d’elles-mêmes. Le chrétien n’accepte pas qu’on dise de lui, en sa présence, qu’il est pieux. Il refuse l’éloge. Il ne s’enorgueillit pas de son intelligence, ni de sa richesse ou de sa beauté. Il laisse Dieu le juger. Il se voit pauvre en tout. Son cœur tend verticalement vers le Christ; il regarde les frères avec les yeux du Christ.

Le troisième thème est : »Ne vous amassez point de trésors sur la terre … car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ». L’une des dimensions du jeûne est que nous vivons cette période de l’année comme les pauvres, parce que nous devons économiser sur le prix de la nourriture pour donner l’argent à nos frères pauvres. Cette participation fait partie du jeûne. C’est la dimension horizontale de l’ascèse (l’exercice). Car après t’être éloigné du monde par la métanie, après que tu te sois élevé, tu redescendras vers les autres, et tu leur porteras Dieu qui est en toi. Alors tu les trouveras plus importants que l’argent que tu adorais. Tu sentiras alors, si tu crois à l’ascèse du jeûne, que l’argent dont tu voulais jouir pour toi-même, est devenu propriété des autres, parce que si tu atteints  l’amour divin tu ne seras plus attaché aux choses de ce monde.  Si tu utilises l’argent pour mener une vie de luxe, si tu es pris par lui, si tu comptes sur lui, il devientdra une catastrophe pour toi. L’argent deviendra une grâce pour toi s’il est le moyen de te rapprocher des frères plus pauvres.

Si tu veux t’accrocher à Dieu, tu devras annuler ton désir de l’argent. (des possessions). L’esclave des passions ne peut pas être l’esclave de la justice. Si tu anéantis les désirs en toi, tu te retrouveras assoiffé du visage de Dieu, le seul qui reste. Si tu découvres que l’argent n’est pas un trésor, alors ton cœur sera rempli de Dieu. Alors Dieu deviendra pour toi tout but, tout désir.

L’ascèse de ce jeûne t’a été donnée comme un chemin vers la joie en Christ. Lorsque cette joie viendra sur toit, tu seras arrivé petit à petit à la Résurrection. Ta résurrection viendra du pardon et du dépassement de la vanité. Lorsque l’Esprit Saint sera sur toi pendant le jeûne, alors tu apprendras à devenir un être pascal.

Traduit de l’arabe.

Texte original: روح الصيام

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