La Sixième Semaine du Carême / 24.04.94 /N*17
Pendant cette dernière semaine du Carême nous nous préparons à trois événements: le samedi de Lazare, le dimanche des Rameaux et la Grande Semaine. Nous anticipons la Semaine Sainte en mentionnant Lazare et la montée du Christ à Jérusalem après qu’il eût ressuscité son ami. Lazare tombe malade le mardi. Ce même jour ses sœurs envoient des messagers au Maître. Il meurt mercredi. Le Maître le sait, non pas par d’autres messagers mais à cause de connaissance divine. Le Seigneur avance vers Béthanie où les gens sont en deuil. Samedi, le mort déjà en pourriture est ressuscité. Le Seigneur verse des larmes, mais il ressuscite son ami par sa voix.
La liturgie comprend l’événement ainsi: « O Christ Dieu, lorsque tu ressuscitas Lazare d’entre les morts avant ta passion, tu as réalisé la résurrection générale ». Si la résurrection de cet homme est possible, la nôtre l’est aussi. Mais les hymnes disent autre chose: « O mon Sauveur, lorsque tu as libéré Lazare de l’enfer, tu as réalisé ta propre résurrection », c’est à dire que ce miracle est l’image de ta résurrection. La différence entre les deux est que Lazare est ressuscité dans un corps ordinaire puis il est mort en temps voulu, mais que le Crist est ressuscité dans un corps de lumière sur lequel la mort n’a pas d’emprise.
Puis, en parlant de l’événement de Béthanie, l’Eglise nous rappelle que, pendant le Carême, nous devons quitter « l’amitié du corps » pour devenir les amis du Christ. « Nous étions endormis du sommeil des plaisirs, le cœur percé des flèches du démon. Nous étions dans le tombeau de la paresse et de l’insensibilité fermé par la porte du désespoir. Les messagers envoyés par les sœurs de Lazare sont le travail et la méditation qui raniment l’esprit endormi au tombeau comme un second Lazare ». Ainsi nous pourrons nous voir ressuscités par la repentance et l’ascèse.
Puis vient le dimanche des Rameaux où nous chantons le même tropaire que le samedi de Lazare comme si les deux fêtes étaient une seule fête qui manifeste le Christ un, dans sa divinité par la résurrection de son ami, et dans son humanité en montant sur l’ânon. Lorsque nous marchons dimanche en procession portant les branches de palmier, nous marchons ainsi avec le Christ vers Jérusalem. Puissent les adultes, non seulement les enfants, porter des cierges ornés de fleurs. Porter des branches de palmier et d’olivier c’est rencontrer le Christ par les vertus que nous avons acquises pendant le Carême. Et si nous n’obtenons aucune vertu pendant le jeûne, nous aurions passé cette période comme si elle n’était qu’un simple régime alimentaire.
Le Carême se termine le vendredi soir de la sixième semaine. Entre le samedi de Lazare et le samedi Saint il y a un autre jeûne. Nous passons ainsi d’un jeûne ascétique à un jeûne centré sur l’Eucharistie, sue le Corps et la Sang du Christ. Nous attendons l’Epoux et nous prions le Seigneur de nous rendre dignes de voir sa Passion.
Puis vient le dimanche des Rameaux. En Palestine les ermites revenaient à leurs monastères après avoir passé quarante jours dans le désert. Les laïcs ont eux aussi leur désert en eux-mêmes. Ainsi le monde entier s’unit par le retour de chacun de nous à son cœur qui est le Christ. Nous marchons à la rencontre du Seigneur en portant la croix et en glorifiant Dieu par les vertus jusqu’au jour du Jugement où nous seront tous réunis en présence du Christ.
Ainsi vient la Grande Semaine. Nous y faison mémoire de la Passion du Seigneur, historiquement, et nous la réalisons dans les offices divins. Nous en faisons notre chemin vers la vie éternelle.
Si nous avons passé le temps du Carême dans la négligence sans nous soucier de sa profondeur spirituelle, il est possible de « nous rattraper » pendant la Grande Semaine. Alors il faudra jeûner, il faudra nous concentrer sur le Crucifié et participer aux offices du soir. Si nous nous repentons réellement, nous communirons au Corps du Christ pour devenir créatures nouvelles afin que la fête ne nous surprenne sans que nous en soyons dignes; car comment les lèvres peuvent-elles chanter sans que chante le cœur? Christ est ressuscité sans aucun doute. Mais comment profiter de sa Pâque si nous ne fortifions pas notre résolution de réssusciter avec Lui?
Traduit de l’arabe
Texte Original: “الأسبوع السادس من الصوم” 24.04.94
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