2008, An-Nahar, Articles

Le Jugement / le 6.12.2008

L’image de Dieu comme Juge nous est omniprésente. Dieu a confié à l’homme la  gérance de la terre afin que celui-ci profite de ses fruits et la Lui rende fructifiée. Tout ce que Dieu a créé est censé Lui revenir avec force et gloire. Ce qui était poussière doit ainsi s’habiller de lumière, au Dernier Jour, afin que Dieu y reconnaisse Sa création. Le Créateur demande à la créature de rendre compte de ce qu’elle a fait d’elle-même et de la terre qui lui était confiée. Il lui demande aussi de Lui parler de la nature des efforts qu’elle a mis dans ce monde et des résultats obtenus, d’ailleurs toujours inachevés. En ce faisant, la créature sera appelée à réaliser qu’elle a été créée à l’image et à la ressemblance de Dieu.

L’homme fait corps avec toute la création. C’est pourquoi la question qui lui est posée au Jour Dernier est:

‘Qu’as-tu fait de ton âme, de ton frère et de la terre dont je t’ai fait le maître pour la servir afin qu’elle puisse te servir en retour? As-tu donc négligé ton âme, ton frère et le monde amenant l’aridité à prédominer sur cette création qui M’a plu quand je l’ai créée?

Te souviens-tu que J’ai dit: ‘Que la lumière soit, et la lumière fut’. Et que Je ‘vis que la lumière était bonne’ (Gen. 1, 3 et  4)?’

Je ne pense pas que ces paroles se réfèrent uniquement à la lumière sensible, mais aussi à la grâce répandue par la lumière sur toute la création. Quand le monde est illuminé, il génère toutes les créatures mentionnées dans le Livre de la Genèse. Ce qui illumine ainsi les créatures est bon aussi puisqu’il vient d’en haut. L’homme est appelé à mélanger cette lumière à la matière, dont il est issu, ainsi que toutes les autres créatures.

L’homme se transforme en feu quand il admet qu’il a été créé par la Parole de Dieu. Dans le récit de la Création, il apparaît que toutes les créatures ont été créées aussi par cette même Parole. Par la suite, après une longue évolution, la prophétie s’est manifestée aussi par la Parole. Cette Parole transforme  l’homme en un être fait à la fois de cette terre et du ciel. La matière en lui décroît quand il sait tirer profit de la lumière qui l’habite. Les ténèbres n’auront de cesse de combattre l’homme pour chasser la lumière qui est en lui, étant entendu qu’il peut aussi amener cette lumière à refouler les ténèbres. Il est le théâtre de la lutte entre la lumière et les ténèbres. Quand il accepte d’être le théâtre de Dieu seul, Il livrera le bon combat pour que Dieu soit le seul propriétaire de sa demeure. La grâce de Dieu agit alors en lui. Son combat sera légitime seulement quand il utilisera les armes de la lumière. Il ne connaît rien des arts de la lutte spirituelle s’ils ne lui sont enseignés par Dieu. Dieu lui enseignera toute chose par Sa grâce. Si l’homme refuse de livrer bataille selon les critères de Dieu, il livrera en fait son âme à l’ennemi. Puisque Dieu lui a donné son âme, l’homme est tenu d’utiliser, dans cette bataille, les armes divines trouvées en lui et de s’y agripper. Sinon, il serait en train de fuir vers le néant.

Ce que nous appelons le Jugement consistera en ces questionnements de Dieu:

‘As-tu utilisé les armes que J’ai mis à ta disposition, ou as-tu plutôt esquivé la bataille, laissant l’ennemi s’emparer de toi? As-tu été digne de confiance en ce que Je t’ai confié? Je ne t’ai chargé que de ce tu pouvais assumer, et Je ne te tiendrais rigueur de rien d’autre. D’autres que toi avaient plus d’envergure et Je leur ai confié autant qu’ils le pouvaient. Je leur demanderai donc plus. Tu n’es pas concerné par cette différence entre vous. Je suis le Seul à connaître ces différences. Je te jugerai car ce qui était en toi M’appartient. C’est Moi qui te l’ai confié. Si tu n’en as pas été digne, tu auras abusé de Ma confiance. Je te prie de ne pas te fier à Ma compassion, sans connaître Mon jugement. Tu ne peux comprendre comment J’associe jugement et compassion, que si je ne te le dévoile au Dernier Jour.

Il ne t’appartient pas de dire à l’ange qui te conduira au Jour de Jugement: ‘Pourquoi ne pas m’éviter tout cela?’. L’un de Mes bien-aimés n’a-t-il pas écrit: « Il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant »? (He, 10, 31). Comment ne pas y tomber, si tu es revenu aux ténèbres après que Je t’aie rempli de lumière? Comment puis-Je ignorer les ténèbres en toi ? Veux-tu que Je les considère comme lumière, quand elles ne le sont pas ? Qualifieras-tu pareille attitude de compassion, de pitié ou de pardon ? Je t’ai parlé de pardon pour que tu ne t’enlises pas dans le monde quand tu te sentiras abandonné en te découvrant émietté. En effet, Je puis faire montre de clémence envers toi dans ce monde, mais Je ne veux pas M’imposer. Tu dois m’appeler à l’aide par la repentance. Ton manque d’attention à ton âme te fait toujours reculer le temps de la repentance, croyant le remplacer par la confiance en Mon pardon. Tu es appelé à œuvrer avec Moi. Tu dois faire montre d’obéissance et de docilité. En tant que créature, Je t’ai donné la liberté mais Je ne t’ai jamais fait croire que J’en étais un substitut. Une fois que tu y auras goûté, Mon amour te conduira à toute la vérité. Mais, ne pense jamais que Je t’y forcerai, car Je serais en train de battre en brèche cette liberté que J’ai voulu en toi. Il te faut bien en comprendre le sen et savoir comment me rencontrer à travers elle. On a écrit que Je t’ai confié des talents pour les faire fructifier. Je t’en demanderai compte. Si tu n’as pas bien su les utiliser, comme les gens du monde le font en plaçant leur argent, tu n’auras pas de part d’héritage en Moi, de cet héritage que J’ai préparé pour ceux qui savent obéir.

Je te questionnerai sur tout le bien et tout le mal que tu as pu commettre. Le bien vient de Moi et le mal, de toi. Tu aurais dû le disperser. Ne dis pas que des circonstances extérieures t’ont poussé au péché. Aurais-tu oublié que Je t’avais fait profiter de circonstances bien meilleures, qui sont celles de la grâce, et que Je t’ai aimé bien plus que tu n’aies jamais aimé ton âme? En fait, tu n’as pas su l’aimer, lui préférant tes péchés.

Ne crois pas que J’ai chargé Mes messagers de t’imposer des commandements pour te rendre la vie plus difficile. Il n’est pas dans Ma nature de faire souffrir ceux que J’aime. Or, Je t’ai aimé et tu n’as rien compris. Je t’ai servi et tu ne t’en ais pas rendu compte. Ton péché est de ne pas avoir ressenti Ma présence, mais seulement les mirages de ton imagination et les passions de ton corps. Tu t’es enorgueilli du fait de ta beauté et de ce que tu considérais valable en toi. Or tout cela est l’œuvre des hommes.

Mes anges t’introduiront devant Moi. Je te rappellerais tout ce que tu as fait. En fait, tu n’aimes pas oublier les plaisirs auxquels tu t’ais livré plutôt qu’à la joie que t’aurait procuré les vertus dont je t’avais entretenues et qui t’auraient aidé à te glorifier. Je te dirai tout cela pour que tu sortes de cette longue inconscience dans laquelle tu t’ais complu, afin que tu puisses vraiment lire en toi, ce que tu n’as d’ailleurs jamais aimé faire. Je te dévoilerai tout que tu as accompli, en actes, en paroles et en pensées, toutes choses que tu t’acharnais à ne pas voir.

En ce Jour Dernier, Je te ferais découvrir ce que tu es vraiment. Tu en seras certes perturbé, car l’homme ne peut pas voir la laideur sans relents de mort. Je suis le Dieu de la connaissance. Je ne peux sauver qui serait dans l’ignorance de ses actes. C’est pour cela qu’au Jour Dernier, il te faudra lire en toi-même, comme Moi, Je te lis.

Après avoir vu ta laideur et être parvenu à discerner en Moi un rayon de lumière, tu Me demanderas alors de te débarrasser de cette laideur. Je te purifierais avec l’eau de cette dernière parole: ‘Je t’aime parce que tu es Mon fils, malgré tes nombreux moments d’inattention, où tu as voulu Me nuire. Je créerai en toi de nouveau l’amour des beautés célestes’.

Voilà que tu te tiens nu devant Moi. J’ordonnerai à ton ange de te couvrir du vêtement d’or qui te permettra de t’asseoir avec les saints qui M’ont plu, avec lesquels Je t’unifierai, bien que ton comportement à toi sur la terre ne M’ait pas plu. Et quand Je te croiserai sur les chemins célestes, Je ne te verrais plus qu’habillé de ce vêtement d’or. Tu seras alors enfin convaincu que c’est Moi qui en ai couvert ta nudité.

Entre donc, Mon bien-aimé. Bien que Je t’aie convoqué en vue du jugement, Je ne te condamnerais point’.

Published Saturday December 6, 2008  in the © An-Nahar, Lebanese news paper.

Translated from Arabic.

Original Arabic text:الدينونة

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