Notre Sainte Mère Marie l’Egyptienne / 09.04.1995 / N*15
Nous apprenons par sa biographie écrite par saint Sophrone patriarche de Jérusalem que « c’était une prostituée à Alexandrie au quatrième siècle ». Elle entreprit un pélerinage à Jérusalem où elle continua son métier. Lorsqu’elle voulut entrer à l’église de la Résurrection, une force divine l’en empêcha. Très impressionnée elle décida de changer de vie, se repentit et put entrer à l’église. Le même jour elle traversa le Jourdain et s’enfonça dans le désert où elle mena une vie si dure qu’aucun être humain ne peut la supporter. Elle priait seule Dieu seul. Vers le fin de sa vie un hiéromoine appelé Zosima vint la voir guidé par Dieu. Elle lui raconta sa vie et lui demanda de lui porter le corps du Christ. L’année suivante il lui donna la communion le Jeudi Saint. Elle mourut le même jour.
Elle est le modèle de ceux qui se repentent et qui combattent les passions par l’ascèse. Le feu du péché qui brûlait en elle est devenu le feu de l’amour divin. La tempête des passions fut calmée par la métanie sincère. Elle qui est tombée au plus bas du péché, est montée au plus haut de la sainteté. Quand il vit la sainteté briller sur son visage, Zosima, bien que prêtre, se prosterna jusqu’à terre. Par la grande ascèse elle a effacé toute pensée mauvaise de son âme, et elle a commencé à voir l’image de la chasteté. Elle n’a jamais douté que Jésus la libérerait de toute idée de péché qui pourrait l’attaquer dans la désert du Jourdain où vécurent beaucoup de grands ascètes.
Elle, dont la faiblesse s’est manifestée dans le fait qu’elle voulut à la fois deux choses contradictoires: visiter les Lieux Saints et suivre sa passion, Dieu l’a établie devant le Crucifié. Elle qui a voulu voir la Sainte Croix, son amour de Jésus l’a crucifiée sur une croix invisible qui est devenue pour elle source de résurrection de tout ce qui s’était accroché à son esprit et à son coeur de souvenirs du corps effréné, récalcitrant. Elle, dont le coeur fut éteint par le péché a reçu la lumière du Christ dans ce même coeur et a été digne d’être appelée notre sainte mère dans le sens que sa vie nous inspire la sanctification pour que nous y devenions les habitants de la gloire divine. Elle, qui a négligé de réactiver son baptême par les vertus, a renouvelé ce baptême par les larmes. « Celui qui n’est pas baptisé par les larmes a été baptisé seulement dans l’eau » (Saint Syméon le Nouveau Théologien).
Elle est ainsi devenue une icône vivante du Christ comme l’était la semaine dernière, saint Jean l’auteur de l’Echelle Sainte. Avant de voir le Christ crucifié pendant la Semaine Sainte, nous voyons les siens, avant la fin du Carême, crucifiés eux aussi parce qu’ils ont « crucifié leur corps, les désirs et les passions ». Tout le Carême est une crucifixion spirituelle du vrai combattant, et pour nous, le plus grand combat est la repentance si elle est réellement un changement total de la vie.
La métanie est la permanence de la Résurrection en nous. Elle exige une lutte continue qui nous coûte de nous détacher de toute idée contraire au Christ. Le péché couvre la face du Seigneur et nous empêche de le voir. La pureté du coeur, sa simplicité et son humilité sont les signes de la Résurrection dans notre être profond.
Traduit de l’arabe.
Texte Original: « أمنا البارة مريم المصرية » – 09.04.1995
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