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« Ressuscite O Dieu » / le 30 avril 2000 / N*18

Nous avons chanté cet hymne hier au cours de la liturgie du samedi pour dire à Jésus: Toi tu ressuscites pour que nous revivions en Toi. Nous vivons dans la détresse et notre pays s’apauvrit. Toi, tu es vainqueur, y a-t-il d’autre victoire que la victoire sur la mort? Donne-nous de vaincre la force de la mort qui nous attaque c’est à dire la dépression, la tristesse, le désespoir et la peur, peur de la maladie, de la pauvreté et de la vieillesse afin que la fête ne dure pas un jour seulement mais qu’elle s’imprime en nous pour que nous dépassions la peur, que nous espérions en Toi quand nous avons péché, que nous ayons confiance, non en notre pouvoirmais en Ta puissance.

L’échec dans le travail, dans les relations sentimentales, dans la vie quotidienne, l’anéantissement de beaucoup d’espoirs que nous avons placés en ceux que nous avons crus grands, tous ces échecs nous conduisent au désespoir, à dire que peu de gens sont dignes de confiance, ou dire que femme et enfants sont plus faibles que nous ne l’avions pensé. Nous avons pu dire que notre pays va à sa destruction et que personne ne connaît son destin. Et si nous sommes réalistes nous avons pu dire qu’il n’y a pas de grande consolation en une partie de ceux qui prient. Ils ne s’amarrent pas au Christ. Et pour certains, parmi ceux qui sont proéminents dans l’Eglise,  le Christ n’est plus l’unique souci. La fête ne peut nous empêcher de voir les péchés, nous célébrons la fête au milieu des péchés qui nous affectent. On fête dans le monde sinon la fête n’est que fuite.  Nous célébrons la Résurrection dans l’Eglise pour porter la Résurrection au monde. L’Eglise coule dans le monde comme un fleuve, sinon elle n’est que musée et chants.

La fête n’est pas là pour oublier la misère mais pour la dépasser. Comme la mort n’a pas « dévoré » le Christ ainsi nos malheurs ne nous anéantissent pas. En Jésus, tu peux porter la croix avec joie. De l’intérieur de ta souffrance tu es vainqueur car si tu aimes le Seigneur il entrera au plus profond de ton coeur. On ne peut pas ne pas ressentir les vraies souffrances, mais on peut ne pas s’effondrer sous leur violence. Et si tu t’effondres reste conscient pour pouvoir te relever.

Dans ce sens la résurrection est un état. Elle était un événement une seule fois pour devenir un état, quelque chose qui continue en toi et qui fait de toi un être nouveau. N’aie pas peur car c’est Lui qui a dit: « ayez confiance car j’ai vaincu le monde ». Le monde est un monde où dominent le désir, la convoitise et la haine. Tu peux y succomber. Fais attention!  Tu peux vaincre par la grâce du Christ.

Et si tu es vainqueur une fois, tu seras plus fort devant une autre tentation. Efforce-toi de te vaincre toi-même, car tout est en toi. C’est l’arène du combat contre le mal. Et c’est le plus dur des combats mais on y trouve des consolations incomparables à toute consolation qui vient de l’extérieur. Porte la Résurrection dans ton coeur et tu ressentiras une une joie profonde.

Et ta joie viendra de ceux qui comme toi sont consolés par Jésus; vous formerez ensemble l’Eglise de la Résurrection c’est à dire la communauté de ceux qui vivent dans l’espérance, parcequ’il savent que le Christ vient à eux dans sa beauté pour effacer en eux toute laideur. Si tu dis aujourd’hui: « Christ est ressuscité! », comprends que tu ne chantes pas seulement un hymne mais que tu espères que ton tout ton être ressusciteras avec Lui et en Lui. Que tu ne sois pas vaincu par les difficultés signifie que tu es décidé à devenir un être de résurrection.

traduit de l’arabe.قم يا الله

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Anastasios / le 26 Mars 2000 / N*13

Notre diocèse a été béni le mardi 14 mars par la visite de l’archevêque d’Albanie Kyrios Anastasios (Yannoulatos). C’était dans le cadre de la visite de Sa Béatitude au siège d’Antioche. Sa Béatitude Kyrios Anastasios nous a réservé ce jour selon son coeur et selon sa vocation première.

Il vient de la fraternité de la « Vie » qui portait le souffle du renouveau spirituel en Grèce depuis le début du siècle dernier. Faire revivre les gens par la Parole vivifiante puisée dans l’Evangile prêché par toutes les formes de communication. Les jeunes membres de cette fraternité étaient en contact avec des jeunes du Liban, et c’est ainsi que nous l’avons connu. Sa vision de l’Eglise de demain dans son ouverture et sa résurrection était notre vision. Cette vision fait de lui un grand apôtre et un grand évêque. Il n’y a pas de doute que le fait d’enseigner à l’université l’a aidé à clarifier sa pensée et l’a affirmé, surtout qu’il était professeur des religions y compris l’Islam. Mais c’est l’Esprit qui est en lui qui a conduit l’Eglise d’Albanie pendant les neuf dernières années.

Il a relevé l’Eglise d’Albanie du désert complet (pas de constructions, pas une seule église) à une existence visible, agissante. Il s’est appuyé sur la foi gardée dans les coeurs pendant la persécution incomparable quant aux ravages qu’elle a faits, persécution qui a effacé toute trace visible du christianisme comme aucun autre régime similaire ne l’avait fait. Il a relevé le défi sans aucune piastre en main et il a montré au monde entier que ceux qui ont la connaissance peuvent, par la force de l’Esprit et par quelque intelligence, reconstruire l’Eglise.

Tous ceux qui l’on reçu et entendu ont senti que la grâce était sur lui et que c’est elle qui fait de lui un grand archevêque. Il est arrivé chez nous au monastère de la Théotokos à Kaftoun. Ce que nous avons remarqué chez lui de plus important – et ce dans tous les lieux qu’il a visités – est qu’il entrait chaque fois dans le sanctuaire, s’agenouillait devant la Sainte Table et la touchait de sa tête, comme s’il se constituait par elle. Nous lui avons offert l’icône de saint Joseph de Damas pour lui dire que notre unité est l’unité du martyr et que nous sommes morts ici afin que vivent les générations par Celui qui est mort par amour. Et il nous a expliqué comment on a tenté de détruire le Christ dans son pays, mais Il est ressuscité de sous les décombres de l’histoire pour que l’Eglise d’Albanie renouvelle sa jeunesse tel un aigle.

Nous avons déjeûné au monastère de la Théotokos dit Nourié. Dans les deux monastères il a pu se rendre compte de l’expérience monastique chez nous car nous avions réuni autour de lui les higoumènes de tous les monastères avec quelques moines et moniales. L’après-midi nous avons visité quelques villages « déplacés » de la montagne, et là il a vu que les souffrances que nous avons endurées sont semblables à ce que les fidèles ont enduré chez lui. Dans les deux Bhamdoun à Mansourieh et à Aley il a été accueilli en grand honneur. Il a prié puis nous avons chanté et il a prononcé des allocutions. Pas une fois il n’a dit: « j’ai construit ou j’ai fondé » ou quelque chose de semblable. Il attribuait tout à la grâce divine.

Pendant que je l’accompagnais, j’ai pu me rendre compte de sa sagesse dans la pstorale et face aux difficultés. Nous vous avions informé dans « Raiati » de sa sollicitude pour les albanais musulmans déplacés du Kosovo. Une église pauvre comme la sienne, qui n’a pas les moyens de donner, a pu réunir de l’argent du monde entier pour servir des réfugiés différents par la religion. Malgré sa pauvreté le Christ a voulu qu’elle participe. La fin du périple nous a conduits à l’église de Mansourieh du Matn. Les grandes complies étaient finies et l’archevêque était très fatigué. Il est entré comme un roi dans la foule des fidèles venus des villages avoisinants pour l’accueillir. J’ai senti cici que l’enthousiasme était à son comble et la recueillement visible. La chorale du diocèse chantait « Christ est ressuscité », nous avons tous vhanté, et il a chanté le tropaire de la Résurrection en albanais avec ceux qui l’accompagnaient.

Après dîner nous avons continué le chant pascal, et ainsi sans l’avoir décidé, nous sommes passés à la Résurrection pour nous dire à nous-mêmes et aux autres que les fidèles s’accordent les uns avec les autres dans l’amour de Celui qui est ressuscité des morts, et qu’ils tendent tous vers la Pâque éternelle, résurrection de toute l’Eglise.

Ce numéro de Raiati est consacré à la visite de l’Archevêque Anastasios de Tirana et de toute l’Albanie. Il comprend outre cet éditorial, un article sur l’Eglise d’Albanie, une notice sur la vie de Sa Béatitude Anastasios ainsi que l’information concernant sa visite au diocèse du Mont Liban le 14 mars 2000.

traduit de l’arabe.أنستاسيوس

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LA DIFFERENCE ENTRE UN CONSEIL ET UN ORDRE / le 30 janvier 2000 / N*5

Je ne parle pas ici de la relation entre l’higoumène d’un monastère et le moine qui y réside en ce qu’il s’agit de l’obéissance. Beaucoup de choses ont été écrites sur cette relation fondée sur la douceur et l’humilité du père spirituel et sur le fait qu’il enfante les autres dans le Christ. L’obéissance est basée sur les vertus du père spirituel car le monastère n’est pas une caserne. Et quand l’apôtre Paul nous décrit comme des soldats du Christ, il ne parle que du sérieux de notre engagement envers Lui et en cela, il ne compare pas l’Eglise à une armée.

Le Christ seul nous commande car Il est le Seigneur et Il a la parole du salut et mérite d’être obéi car Lui-même a obéi au Père et s’est donné jusqu’à la mort, la mort sur la Croix. Nous obéissons à ceux parmi les humains qui se sont dépouillés du «moi», ont atteint une grande maturité spirituelle et reçu l’illumination, ils orientent sans passion ni intérêt quelconque ni par désir de domination. Denis l’Aréopagite, un écrivain de nos contrées apparu au début du VIème siècle, dit que: l’on fait prêtre celui qui a reçu l’illumination. Cela veut dire que tu ne lui obéis pas parce qu’il a été ordonné prêtre, mais qu’il a été ordonné prêtre parce qu’il a reçu l’illumination et qu’on l’a remarqué. Le sacerdoce en lui-même ne donne ni maturité spirituelle ni paternité spirituelle. Ce n’est pas le fait d’élever un homme a une dignité qui fait qu’il devient libre de toute passion et par conséquent apte à orienter. Seul l’Esprit Saint qualifie pour une véritable orientation.

L’Eglise ayant bien compris tout cela, n’accorde pas au prêtre le droit de confesser du fait de son ordination, mais elle attend que l’Esprit descende sur lui et qu’Il lui donne la maturité pour lui conférer le droit d’orienter les gens. C’est dans le domaine de l’espérance que nous souhaitons pour lui de recevoir le don de la paternité spirituelle. En vérité, nous lui conférons seulement le droit d’absoudre les péchés mais il ne deviendra pas un directeur de conscience automatiquement, ceci est étroitement lié à sa proximité avec le Christ.

Il faudra tout aussi bien qu’il étudie la Sainte Ecriture, qu’il pratique la prière profonde et fervente et qu’il se purifie de ses péchés. S’il ne suit pas une telle démarche avec beaucoup d’intérêt, il ne prononcera pas les paroles qui lui viennent de l’Esprit. Celui qui se sait faible, qu’il absolve les gens de leurs péchés sans rien dire, le sacrement de pénitence est ainsi accompli. La véritable direction spirituelle est enseignée par l’Esprit Saint et tu ne la trouves pas dans les livres.

Mais si l’Esprit t’inspire d’oser quelque chose, ose alors un conseil et non un ordre. En cela Nicon, l’higoumène d’un des monastères russes, décédé en 1963, a écrit, dans une lettre datant de 1951, suivant l’enseignement de Saint Ignace Briantchaninov: «Je vous rappelle que je n’exige de personne qu’il applique mes conseils en tout état de cause. Le conseil n’est qu’un conseil mais la dernière décision revient à la personne qui demande ce conseil». Il avait vu que les prêtres de son époque, dans des circonstances définies, n’étaient pas à même de découvrir réellement la volonté de Dieu, mais qu’ils pouvaient simplement expliquer Ses commandements. Et c’est ainsi que le père Nicon a précisé à l’une de ses filles spirituelles qu’il fallait qu’elle le considère plus comme un compagnon de route que comme un père spirituel. Il lui a dit qu’elle ne devait pas voir en lui quelque chose de plus que ce qu’il est, qu’elle se sente libre de s’éloigner de lui si elle percevait que ses conseils ne lui étaient pas profitables. N’ayant pas de père spirituel, il s’était réfugié dans la lecture et la prière qui sont salutaires quand nous ne trouvons pas de pères spirituels possédant le don du discernement.

Il est tout aussi clair que si tu orientes, il ne faut pas que tu tues la personnalité du fils spirituel, car tu ne penses pas à sa place. Laisse-le réfléchir, grandir et prendre ses responsabilités devant Dieu. «Nul ne peut résoudre pour autrui les problèmes que lui posent la vie» (Henri Bergson). Ne brise pas l’intellect de qui que ce soit ni non plus son cœur; Dieu dit: «Mon fils, donne moi ton cœur».

Aide-le afin que son cœur s’élève vers Dieu. Il s’appuie sur toi et tu l’amènes jusqu’aux pieds du Maître, dépose-le là-bas et disparaît.

Traduction d’un article

paru dans le bulletin diocésain Raïati

 no5 en date du 30 janvier 2000.

Bulletin « Le Bon Pasteur » n°2 – septembre 2005

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