1999, Articles, Raiati

Saint Jean Climaque / le 21/3/1999 / N*12

Les trois premiers dimanches du Carême insistaient sur la doctrine (dimanche de l’Orthodoxie, dimanche de saint Grégoire Palamas et dimanche de la Croix). L’étape suivante insiste sur l’ascèse. Nous faisons d’abord mémoire de saint Jean appelé Climaque parce qu’il a écrit un livre sur l’ascèse intitulé « l’Echelle Sainte » (Climax en grec veut dire échelle). Il est né après la moitié du 6ème siècle et il a vécu au Sinaï en tant que moine puis en tant qu’higoumène du monastère.

Il a comparé le chemin vers Dieu à une échelle montante composée de marches que le fidèle gravit l’une après l’autre pour arriver au Christ. Les icônes nombreuses qui représentent cette échelle montrent que certains ont gravi quelques marches, d’autres tombent après être presque arrivés au sommet. Tout lecteur de ce livre sent que l’auteur parle de vertus qu’il a pratiquées lui-même. Il fait sans doute partie de ceux qui sont arrivés. Nous poursuivons le combat, dit-il « jour après jour, feu après feu, piété après piété et zèle après zèle ». Qui dit ces paroles ne peut que les avoir vécues.

Saint Jean a prié quarante ans sans discontinuer, dévoré par l’amour divin, essayant de cerner, dit-il, « ce qui est incorporel dans le corps ». Il savait – et c’est dans son livre – que celui qui a brisé le sceau de sa pureté, qui s’est éloigné de ses consolations divines, qui a enfreint sa promesse à Dieu, et qui est triste à cause de cela, celui-là est capable de se mortifier par l’ascèse s’il lui reste une étincelle d’amour et de crainte de Dieu.

L’Eglise sait, en posant ce modèle ascétique devant nos yeux, que les moines sont peu nombreux, voire rares. Nous pouvons, nous faire comme saint Jean Climaque, chacun chez lui et dans son travail. La beauté spirituelle n’est pas liée à un rang ou à un ordre. Nous croyons que le laïc, dans sa vie familiale, dans son travail et toute sa vie dans le monde, est capable de toute sanctification. L’être humain, homme ou femme, quel que soit sa culture, est capable d’accomplir les combats spirituels qui visent à acquérir la pureté dans toutes ses expressions, la chasteté, la douceur et l’humilité. Il lutte au repos et dans la fatigue, pendant la guerre ou pendant la paix, dans la pauvreté ou dans la richesse parce que le Christ est Un. Il inspire l’un et l’autre, prend soin de tous et donne à chacun de nous la grâce selon son besoin parce qu’il veut que tous soient sauvés et que tous viennent à la connaissance de la vérité. Pour cela nul n’est excusable.

Personne ne peut prendre sa richesse comme prétexte à l’orgueil et à la dureté du cœur. Nul ne peut, à cause de sa notoriété, s’élever et mépriser les frères. Pour cela saint Jean Climaque insiste pour que nous battions un vice après l’autre et que nous acquérions une vertu après l’autre; tout cela dans la joie. Nous brûlons d’un feu après l’autre après l’autre, d’un enthousiasme après un enthousiasme. La joie est peut-être le signe idéal que Dieu habite dans nos cœurs. Celui qui a perdu l’enthousiasme pour le Christ et pour son Evangile, celui qui tiédit quand il rencontre un pauvre, le feu est éteint en lui et il n’est plus que cendres froides.

Pour cela l’évangile d’aujourd’hui nous dit: « Si tu peux croire, tout est possible à celui qui croit » (Marc 9: 23). Croire c’est faire de ton cœur le lieu du Seigneur qu’il ne partage avec personne. Et pour que nous croyions pas que c’est facile, le Seigneur a dit: « Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière » (Marc 9: 29). Le mouvement de Dieu vers nous est la foi qui nous vient de Lui. Notre mouvement vers Dieu est la prière qui garde la foi en nous; et devant nos yeux s’ouvre le chemin vers le Crucifié que nous embrasserons avec plus de ferveur à la fin du Carême.

traduit de l’arabe.القديس يوحنا السلمي

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